14È Édition du SIAO : Une occasion ratée pour l’agriculture biologique
Vers la fin de l’année 2016, le Salon International de l’Artisanat (Siao) a été organisé à Ouagadougou. Les stands, aussi bien dans les pavillons climatisés que non climatisés de même que d’autres en plein air dans la cour principale du lieu d’exposition, ont été bien achalandés. Les exposants ont débarqués sur les lieux leurs meilleures productions afin de mieux accrocher les clients et les visiteurs. On y retrouvait plusieurs gammes de produits fabriqués par les africains de même que des produits industriels importés des grands pays européens et asiatiques. Une exploration des différents pavillons et autres emplacements réservés aux exposants montre le nombre très infirme de stands disposant de produits écologiques et biologiques.
Pour les quelques rares stands trouvés, c’est après une fouille minutieuse, stand après stand. Alors que certains exposants se vantent de disposer des produits écologiques et biologiques, la réalité est tout autre une fois que l’on tient le produit en main. Le constat fait au cours de cette 14è édition du salon, est qu’il n’y a pas eu assez de stands pour les produits agricoles et agroalimentaires en général.
En réalité, en allant à ce salon, certains visiteurs s’attendaient à voir des espaces spécifiquement réservés aux produits écologiques et biologiques. Pour les Béninoises qui y ont fait le tour, notamment au nom de l’Ong Atacora Essentiel sise à Boukoumbé, c’est la déception. Pour l’une d’entre-elle : « en venant à Ouagadougou, le but de mon voyage était de venir constater l’importance qu’accordent les producteurs, les politiques et les consommateurs que sont les populations à la production écologique et biologique. J’espérais voir des pavillons spécifiquement réservés aux acteurs de cette production ou tout au moins voir plusieurs stands où seront exposés ces produits émanant de l’agriculture écologique et biologique. Mais dommage qu’on ne voit rien. Je constate que les producteurs de cette branche de l’agriculture ne sont pas présents dans ce salon international. C’est à croire que les producteurs de cette catégorie lésinent encore pour prendre d’assaut ce grand marché, mais pour quelle raison ? Je ne saurai le dire ».
Juanita Fagbohoun, responsable à la production et à la commercialisation du riz biologique Matekpo de Grand-Popo regrette le manque d’intérêt pour les produits écologiques et biologiques. La 14è édition du SIAO s’est très bien déroulée dans l’ensemble, avec une diversité de produits venus des pays de la sous région. Toutefois, elle a constaté une absence remarquable de produits écologiques et biologiques. En effet, en tant qu’actrice du riz écologique et biologique «Matekpo» du Bénin, Mme Juanita Fagbohoun espérait à cette foire faire la connaissance des acteurs d’autres pays exerçant dans le même domaine de production qu’elle. «Je suis allée au SIAO avec quelques échantillons du riz Matekpo que nous produisons au Bénin aux fi ns non seulement de faire connaître ce que nous faisons au Bénin mais aussi de partager avec les autres à travers les échanges et discussions mais dommage qu’on a rien eu ! Tous ceux que nous avons vu sur le terrain sont tous les acteurs de la l’agriculture conventionnelle. Cela nous donne déjà à réfléchir afin que nous nous préparions pour les éditions futures.»
Même s’agissant des Béninois vendeurs d’ananas frais et des produits de la pharmacopée, les produits découverts à Ouagadougou n’étaient pas ceux issus l’agriculture écologique et biologique. Quelques rares produits issus de l’agriculture écologique et biologique rencontrés à cette foire sont limités à des sacs scolaires, des tissus pour habillement et ameublement, des écharpes en coton biologique, des beures de karité et pommades biologiques, de l’ananas séchés biologiques, du soja et sésame biologiques. Mais tout cela n’était pas satisfaisant. On pourrait en déduire aisément le manque d’engouement autour de la question de la production écologique et biologique. Or, pour régler les questions environnementales, climatiques et sanitaires auxquelles le monde est confronté et plus particulièrement l’Afrique, l’agriculture écologique et biologique est une solution pour assurer la durabilité des ressources naturelles et pour fournir des aliments sains à la population. Cette alternative adoptée par les chefs d’États africains pour relever le défi de la sécurité alimentaire, l’agriculture écologique et biologique qui prend en compte les réalités des communautés locales, la biodiversité et les conditions locales ne semble donc pas encore en bonne application.
Seule une minorité dont les efforts sont faibles face à l’ampleur de la tâche à accomplir afin que cette forme d’agriculture soit reconnue à sa juste valeur est remarquable. C’est face à cette situation et se basant sur l’expérience de l’Afrique de l’Est que le Bénin, le Mali, le Sénégal et le Nigéria en relation avec Biovision Africa Trust ont lancé une initiative nommée Ecological Organic Agriculture (EOA) Initiative. Il s’agira entre autres d’augmenter la documentation de l’information et la connaissance sur l’agriculture écologique et biologique le long de la chaîne de valeurs chez les différents acteurs pour la mise en pratique. Les pays engagés souhaitent qu’il y ait plus engagements dans les pays. Car, l’initiative permet aussi d’informer systématiquement les producteurs sur les approches et les bonnes pratiques de l’agriculture écologique et biologique et les motiver à travers un renforcement de l’accès aux conseils et les services d’appui. L’augmentation de la part des produits biologiques sur les marchés locaux, régionaux et internationaux et le renforcement des engagements inclusifs des acteurs est aussi bien préoccupante. Le plaidoyer pour un changement de politique publique, de plans et de pratiques doit alors se poursuivre pour améliorer la pratique de production et de consommation qui protègent tant la vie, les terres que l’environnement..