Le Programme Cadre d’Appui à la Diversification Agricole (Pro-CAD) a été mis en œuvre depuis plus de cinq ans en République du Bénin. Ce cadre institutionnel créé par le gouvernement du Bénin pour assurer la coordination de tous les projets financés par la Banque Mondiale au Bénin dans le domaine Agricole a fait des merveilles. Au bilan, des preuves tangibles existent et prouvent à suffire qu’il était utile d’accorder un nouveau financement pour booster l’agriculture en République du Bénin.
De façon claire, le Pro-CAD, est l’enveloppe choisi par le Gouvernement du Bénin et son partenaire, la Banque mondiale pour abriter les Projets que cette dernière finance pour le développement du secteur agricole dans notre pays.
Lancé depuis 2012, le ProCAD a pour objectif de contribuer à la création des conditions nécessaires à une croissance économique durable et à la réduction de la pauvreté en milieux rural. Sa zone d’intervention couvre toutes les zones agro-écologiques du territoire national. Plusieurs acteurs sont bénéficiaires de ce programme notamment les producteurs, les transformateurs et tous les autres acteurs des différentes chaînes de valeur.
Au nombre des bénéficiaires il y a tous les acteurs clés dans la production et la diffusion des technologies, incluant entre autres les chercheurs ; les vulgarisateurs ; les services de vulgarisation et services de conseils agricoles publics et privés ; les instituts de recherche ; les universités, les ONG et agences gouvernementales. Dans sa conception, le ProCAD qui finance deux projets majeurs au Bénin : que sont le Projet de Productivité Agricole en Afrique de l’Ouest (PPAAO Bénin) et le Projet d’Appui à la Diversification Agricole (PADA) mérite que les projecteurs fassent la lumière sur ses réalisations afin de rassurer tant les bailleurs que les bénéficiaires actuels et futurs.
A cette occasion, il est à rappeler que vingt-deux pays s’étaient retrouvés sous la houlette de l’Union Africaine, du Réseau organique ouest-africain (AfroNet), de la Fao et de plusieurs autres partenaires, pour partager des expériences sur la dynamique. En 72 heures ses acteurs du secteur agricole engagés pour l’agriculture biologique se sont informés sur les potentialités de l’agriculture organique dans le contexte de la réduction de la pauvreté, l’adaptation au changement climatique, la sécurité alimentaire et le commerce. Cette rencontre a facilité l’échange des connaissances, d’informations, d’expériences et d’outils entre les principaux partenaires dans le secteur agricole. Ils avaient aussi ensemble exploré des partenariats et opportunités de coopération pour la mise en œuvre du plan d’actions africain de l’agriculture écologique et biologique. Ces chercheurs, agriculteurs, communicateurs, experts et autres avaient essayé de réfléchir sérieusement sur la dynamique qui consiste à tourner définitivement le dos aux produits chimiques dans l’agriculture en Afrique.
Les expositions de produits biologiques déjà réalisés par certains pays ont donné la preuve que l’espoir était permis. Des fruits produits sans engrais chimiques (ananas, papayes, bananes, tomates, et autres.) ; des produits finis issus de transformation (thé, pommade, huile, engrais organiques) ont fait la fierté des participants.
Dès lors tous s’étaient engagés pour travailler au mieux de changer l’état des lieux. A l’occasion, les participants avaient lancé un appel pressent aux différents Chefs d’État africains afin que les 10% des budgets de l’État à accorder à l’agriculture conformément à la Déclaration de Maputo soient une réalité. Ils avaient aussi invité les Chefs d’État à travailler à préserver l’environnement et les terres contre l’assaut des produits chimiques pour protéger l’Afrique. Le Président du Réseau organique Africain (AfroNet), qui participait à cette conférence, M. Jordan Gama avait souhaité que la culture des produits biologiques soit intégrée aux politiques de développement agricole des différents États africains. Le Bénin en a pris le bon exemple selon le coordonnateur de sa plateforme le Professeur Implique Vodou hé et cela est une réalité. Il faut aussi rappeler l’engagement de l’Union Africaine à travers le chargé du département de l’économie rurale et de l’agriculture à la Commission en son temps, M. Jonathan Yarkon. Pour lui, la conférence se tenait à un moment où la mise en application de la Déclaration de Maputo sur les 10% à accorder à l’agriculture commençait par être une réalité. Mais le commissaire Adéléké Ipaye du Gouvernement local de Osoun State qui a représenté le Gouverneur avait lancé une interrogation qui doit rester gravée dans la tête des Africains et surtout des dirigeants : «De quelles pratiques agricoles avons-nous besoin pour assurer un environnement sain tout en produisant ? ».Une réflexion qui doit désormais habiter chaque Africain.
Depuis sa création en février 2003, la PASCiB œuvre pour une implication transparente et efficace des organisations de la société civile béninoise dans le processus d’élaboration, de mise en œuvre, de suivi et d’évaluation des politiques et programmes de développement.
Durant les cinq dernières années et face aux grands défis s qui se posent en matière de croissance économique, d’amélioration de la sécurité alimentaire et nutritionnelle, et de réduction de la pauvreté, tant au niveau national qu’au niveau sous régional, l’engagement de la PASCiB a été renforcé, notamment dans le secteur agricole qui constitue la principale source de croissance dans la région. Comme stratégie, la PASCIB fait de la participation au dialogue politique, une des armes privilégiées de son engagement citoyen, à travers ses composantes et points focaux. Les actions développées couvrent les domaines de l’information, la communication, le contrôle citoyen de l’action publique, du renforcement des capacités, du plaidoyer et du lobby. Dans ce sens, la PASCIB a participé activement au processus d’élaboration du PSRSA 2011-2015 qui couvre notamment les secteurs de l’agriculture et la sécurité alimentaire, la santé publique, l’éducation et la protection sociale.
Dans le contexte de la mise en œuvre du partenariat de Busan pour une coopération efficace au service du développement, la PASCiB a apporté une contribution à la mise en œuvre de la SCRP3 et a régulièrement pris des positions qui ont positivement influencé les orientations prises à l’occasion des revues sectorielles et conjointes menées entre le Gouvernement, le Parlement, les Acteurs Non Étatiques et les Partenaires Techniques et Financiers.
Tous ces acquis lui ont valu une reconnaissance à travers son positionnement et son leadership dans plusieurs initiatives multi-acteurs au niveau national et international dont les plus importantes sont : (i) la signature du Pacte national et du pacte régional ECOWAP/PDDAA pour le compte de la POSCAO (Plateforme des Organisations de la Société Civile d’Afrique de l’Ouest) pour la mise en œuvre efficace de la politique agricole commune de la CEDEAO; (ii) la représentation des OSC au sein du comité régional de négociation des Accords de Partenariat Économique entre la CEDEAO et l’Union Européenne ; (iii) le « node » du réseau FANRPAN (Food Agriculture and Natural Resources Policy Analysis) spécialisé dans l’analyse et le plaidoyer au niveau continental sur les politiques alimentaires et nutritionnelles et celles relatives à la gestion des ressources naturelles; (iv) la représentation de la plateforme des acteurs non étatiques de la Communauté des Pratiques de Gestion axée sur les résultats de développement (CoP – GRD Bénin) soutenue par la BAD et l’UEMOA ; (v) l’implication dans le Partenariat mondial des OSC pour l’Efficacité du Développement (POED) ; (vi) l’adhésion au mouvement Scaling Up Nutrition (Alliance SUN – OSC Bénin) au côté du gouvernement; (vii) l’implication au nom de la POSCAO dans l’Alliance Globale pour la Résilience – Sahel et Afrique de l’Ouest qui est un partenariat politique de long terme lancé en décembre 2012 à Ouagadougou afin d’éradiquer la fi n au Sahel et en Afrique de l’Ouest d’ici 20 ans.
Vers la fin de l’année 2016, le Salon International de l’Artisanat (Siao) a été organisé à Ouagadougou. Les stands, aussi bien dans les pavillons climatisés que non climatisés de même que d’autres en plein air dans la cour principale du lieu d’exposition, ont été bien achalandés. Les exposants ont débarqués sur les lieux leurs meilleures productions afin de mieux accrocher les clients et les visiteurs. On y retrouvait plusieurs gammes de produits fabriqués par les africains de même que des produits industriels importés des grands pays européens et asiatiques. Une exploration des différents pavillons et autres emplacements réservés aux exposants montre le nombre très infirme de stands disposant de produits écologiques et biologiques.
Pour les quelques rares stands trouvés, c’est après une fouille minutieuse, stand après stand. Alors que certains exposants se vantent de disposer des produits écologiques et biologiques, la réalité est tout autre une fois que l’on tient le produit en main. Le constat fait au cours de cette 14è édition du salon, est qu’il n’y a pas eu assez de stands pour les produits agricoles et agroalimentaires en général.
En réalité, en allant à ce salon, certains visiteurs s’attendaient à voir des espaces spécifiquement réservés aux produits écologiques et biologiques. Pour les Béninoises qui y ont fait le tour, notamment au nom de l’Ong Atacora Essentiel sise à Boukoumbé, c’est la déception. Pour l’une d’entre-elle : « en venant à Ouagadougou, le but de mon voyage était de venir constater l’importance qu’accordent les producteurs, les politiques et les consommateurs que sont les populations à la production écologique et biologique. J’espérais voir des pavillons spécifiquement réservés aux acteurs de cette production ou tout au moins voir plusieurs stands où seront exposés ces produits émanant de l’agriculture écologique et biologique. Mais dommage qu’on ne voit rien. Je constate que les producteurs de cette branche de l’agriculture ne sont pas présents dans ce salon international. C’est à croire que les producteurs de cette catégorie lésinent encore pour prendre d’assaut ce grand marché, mais pour quelle raison ? Je ne saurai le dire ».
Juanita Fagbohoun, responsable à la production et à la commercialisation du riz biologique Matekpo de Grand-Popo regrette le manque d’intérêt pour les produits écologiques et biologiques. La 14è édition du SIAO s’est très bien déroulée dans l’ensemble, avec une diversité de produits venus des pays de la sous région. Toutefois, elle a constaté une absence remarquable de produits écologiques et biologiques. En effet, en tant qu’actrice du riz écologique et biologique «Matekpo» du Bénin, Mme Juanita Fagbohoun espérait à cette foire faire la connaissance des acteurs d’autres pays exerçant dans le même domaine de production qu’elle. «Je suis allée au SIAO avec quelques échantillons du riz Matekpo que nous produisons au Bénin aux fi ns non seulement de faire connaître ce que nous faisons au Bénin mais aussi de partager avec les autres à travers les échanges et discussions mais dommage qu’on a rien eu ! Tous ceux que nous avons vu sur le terrain sont tous les acteurs de la l’agriculture conventionnelle. Cela nous donne déjà à réfléchir afin que nous nous préparions pour les éditions futures.»
Même s’agissant des Béninois vendeurs d’ananas frais et des produits de la pharmacopée, les produits découverts à Ouagadougou n’étaient pas ceux issus l’agriculture écologique et biologique. Quelques rares produits issus de l’agriculture écologique et biologique rencontrés à cette foire sont limités à des sacs scolaires, des tissus pour habillement et ameublement, des écharpes en coton biologique, des beures de karité et pommades biologiques, de l’ananas séchés biologiques, du soja et sésame biologiques. Mais tout cela n’était pas satisfaisant. On pourrait en déduire aisément le manque d’engouement autour de la question de la production écologique et biologique. Or, pour régler les questions environnementales, climatiques et sanitaires auxquelles le monde est confronté et plus particulièrement l’Afrique, l’agriculture écologique et biologique est une solution pour assurer la durabilité des ressources naturelles et pour fournir des aliments sains à la population. Cette alternative adoptée par les chefs d’États africains pour relever le défi de la sécurité alimentaire, l’agriculture écologique et biologique qui prend en compte les réalités des communautés locales, la biodiversité et les conditions locales ne semble donc pas encore en bonne application.
Seule une minorité dont les efforts sont faibles face à l’ampleur de la tâche à accomplir afin que cette forme d’agriculture soit reconnue à sa juste valeur est remarquable. C’est face à cette situation et se basant sur l’expérience de l’Afrique de l’Est que le Bénin, le Mali, le Sénégal et le Nigéria en relation avec Biovision Africa Trust ont lancé une initiative nommée Ecological Organic Agriculture (EOA) Initiative. Il s’agira entre autres d’augmenter la documentation de l’information et la connaissance sur l’agriculture écologique et biologique le long de la chaîne de valeurs chez les différents acteurs pour la mise en pratique. Les pays engagés souhaitent qu’il y ait plus engagements dans les pays. Car, l’initiative permet aussi d’informer systématiquement les producteurs sur les approches et les bonnes pratiques de l’agriculture écologique et biologique et les motiver à travers un renforcement de l’accès aux conseils et les services d’appui. L’augmentation de la part des produits biologiques sur les marchés locaux, régionaux et internationaux et le renforcement des engagements inclusifs des acteurs est aussi bien préoccupante. Le plaidoyer pour un changement de politique publique, de plans et de pratiques doit alors se poursuivre pour améliorer la pratique de production et de consommation qui protègent tant la vie, les terres que l’environnement..